CR d'Eric pour sa CCC 2010 !!!

Publié le par CRAPAST

Bonne lecture et encore bravo !!!

 

Il faut un peu de temps...mais ça vaut le coup !!!

 

 

CR CCC

 

La semaine a été courte professionnellement (jusqu’au jeudi 13h) mais rude. Tensions…

Je peux maintenant et enfin ne penser qu’à la course.

16h, départ pour Cham avec Cédric (partenaire de course), Nath, sa femme, et leurs 2 filles

Passage par Les Houches où nous avons loué qques chambres dans un gite. Nous retrouvons Olivier et sa petite famille.

Puis direction les dossards à Cham.

Longue file d’attente.Enfin, nous l’avons. On fait maintenant vraiment parti de la fête.

Petit tour au salon de l’ultra trail. Super sympa.

Puis retour au gite pour préparation du sac (j’ai tout en vrac dans un gros sac) et pour nos pates bolo préparées par Estelle ma femme que nous avons retrouvée avec Alexis et Zoé (mes enfants).

 

 

 

 

Puis nuit fractionnée comme tout le monde.

LE sms de 5h30 nous rappelle que nous aurons un temps de m…On s’en doutait.

Nous avons un ticket pour 8h30 et nous retrouvons Pierre et Thierry au départ de Cham et faisons le trajet ensemble. Thierry est serein, détendu. Pierre n’a pas l’air bien, un peu stressé. Maux de gorge. La tête, mon cher Pierre, il faut travailler la tête.

Arrivée à Courmayeur, pluie fine, t°18 je crois, donc tout doux.

Je ne sens pas de tension sur la ligne de départ, c’est curieux. Peut être parce que je connais le parcours pour l’avoir reconnu en 2 jours avec Cédric fin juillet avec une super météo.

 

Cédric, Olivier et moi démarrons en milieu de peloton et la pluie s’intensifie. Mais il fait toujours très doux, et on a vite très chaud. Le départ est assez rapide.

En s’éloignant de la ville, régulièrement des bouchons se forment, qui cassent le rythme.

La pluie forte rend, je trouve, l’ambiance un peu morose. Les blagues et la bonne humeur habituelle de début de course me manquent. Les aventuriers sont déjà dans leur bulle. Moi aussi.

J’arrive à Bertone 800 d+ en 2h08 class 1093.

Arrêt pour remplir ma poche .

Puis direction Tête de la tronche, rythme tranquille, à la queue leu leu.

613m de +.

Je perds 180 places.  Probablement  des coureurs qui ne se sont pas arrêtés au ravito. Car très peu s’amusent à doubler dans cette montée. Je ne le sais pas sur place et je m’en fous.

Le soleil pointe son nez. Que du bonheur !!

 

 

 

 

 

Direction refuge de Bonatti. Arrêt boisson, puis Arnuva. Il fait bon.

Le public est là. C’est vraiment sympa. Petit sandwich, chocolat…

Rythme course tranquille. Le moral est bon. Je peux manger et boire ce qui est mon vrai problème en course longue distance. Je veille à ne pas bousculer mon estomac.

A l’attaque du grand col Ferret pour 768 de d+.

Je suis à l’écoute de mes pulsations et monte en sous régime.

Sans arrêt, on entend : « la course commence à Bovine… » Ils ont raison.

Grand col Ferret en 6h48. Mon class est stable vers les 1200. Je ne force pas.

Tout va bien sauf une chose. Je sais qu’après 7h de course environ, je commence à avoir des difficultés pour m’alimenter.

Au TGV, après 8h de course, je n’ai plus pu manger jusqu’à l’arrivée. Soit presque 8 h plus tard. Pas beau à voir à l’arrivée…

 

Aussi, j’entame la descente vers La Fouly avec cette appréhension. Il fait frais mais ne pleut pas.

Mon estomac est saturé, je n’ai plus envie de rien. Une malédiction.

Je sais que c’est pourtant essentiel pour la suite de la course.

Ou alors, c’est dans la tête : ces soucis, mon cher Eric, dans la tête. Peux-être…

Arrivée au ravito où nos familles nous attendent.

Ils sont vraiment super et je n’aurai de cesse de les remercier.

 

 

 

Arnaud est passé en 6h56 ,trop fort, Olivier en 7h17, Cédric en 8h et moi en 8h03.

Je suis tout pâle et nauséeux. L’odeur forte de raclette et la chaleur sous la tente me sont insupportables. Je ne me sens pas bien.

Assis sur un banc, je souhaiterais manger le bol de soupe que j’ai sous les yeux mais impossible.

J’attends plein d’appréhension pour la suite…Je sais que si je ne règle pas mon problème, je ne tiendrais pas 15 h ou plus sans manger ni boire.

La femme de Cédric, Nath, va me chercher un anti vomitif et revient avec le toubib du poste qui me demande de l’accompagner. « vous avez vraiment mauvaise mine… ».

Elle me prend la tension : 9 . « suivez moi ! vous ne pouvez pas continuer la course dans cet état là. »

Elle me donne un antivomitif, à laisser fondre sous la langue.

Allongé sur un matelas, je craque…ça ne peut pas s’arrêter là.  Je râle et dis que je repartirai coute que coute. On m’envoie la cheffe de poste qui arrive avec un règlement de la course dont nous ignorons tous les détails et me lit : « Les secouristes et médecins officiels sont habilités à mettre hors course tout concurrent inapte à continuer l’épreuve ». Coup de massue.

Le toubib me donne du coca éventé et me dit que j’ai 2 h 30 pour me retaper avant la barrière horaire. ESPOIR

Estelle, qui avait quitté le ravito pour Champex, revient me voir. Je recraque.  Mais ça fait du bien.

Elle m’encourage.

Je bois mon coca au goutte à goutte. Après 1 h, je vais un peu mieux. Puis j’arrive à ingurgiter qques bricoles. Ma tension est remontée, j’ai enfin le feu vert.

Thierry (pour répondre à ta question) est passé pendant que je « faisais la sieste » en 8h22 et tout frais. Bravo.

Je jette un coup d’œil par la fenêtre et m’aperçois que c’est un déluge.

Je fais le plein de bidon en coca (je ne boirai plus que ça), enfile le sac à dos, la gore tex et vais voir la cheffe de poste qui avec un grand sourire me souhaite bonne chance.

Je suis resté 1 h 46 à La Fouly.

Je repars sous une pluie très forte avec le sentiment d’être invincible.

Plus rien ne pourra m’arrêter (ou presque).

Je suis en queue de peloton mais pour moi l’essentiel est d’en faire partie encore.

Mon rythme est tranquille comme toujours pour ménager ma digestion. J’ai bien sûr toujours une petite crainte.

Il commence à faire sombre, le temps est pourri mais le moral et les jambes sont là.

La montée vers Champex se fait facilement.

Je ne suis pas nauséeux mais ayant pu prendre un comprimé supplémentaire à la Fouly, je décide de le prendre avant mon arrivée au ravito. A titre préventif, pour être sûr de pouvoir m’alimenter.

Mais lorsque j’ouvre la poche de ma veste, l’emballage est percé, mon comprimé s’est dissout dans l’eau qui ne s’évacue pas. Je peste contre la malchance et décide de ne plus y penser.

Je retrouve sous la tente Estelle, Zoé, Anne Rachel, Raphael et Léah. Que du bonheur.

Il est 22h20. Je suis au moins 2 h derrière tous les copains mais tout va bien.

JE MANGE ET BOIS, C’est pour moi tellement important.

Le départ pour Bovine se fait détendu en marchant sous les encouragements de mes supporters qui vont maintenant se coucher. Je lis et envois qques textos.

La montée est plutôt lente mais j’ai les jambes. Régulièrement je croise un coureur assis sur un rocher, ou debout, immobile, appuyé sur ses bâtons. Les premières défaillances et on est encore loin de l’arrivée.

Le grondement des torrents que nous traversons est impressionnant.

Les éléments sont contre nous.

L’arrivée à Bovine se fait sous une pluie très forte et de grosses rafales de vent.

Il est 1h26 et j’ai grapillé qques places.

Je me souviens aujourd’hui de la douce t° le jour de la reco et de l’arrivée sur la terrasse du refuge très agréable, tenu par 2 filles en maillot de bain allongées sur des bancs qui nous avaient indiqué où se trouve la fontaine. Mais c’est une autre histoire…

La petite tente installée au ravito est pleine à craquer. Impossible de s’incruster. Je mange ma soupe de pâtes, fait le plein de coca et fait le dernier coup de cul avant la descente.

Je suis trempé, j’ai froid. Je m’arrête et mets une polaire. Une courte opération mais qui en pleine nuit avec du vent et de la pluie n’est pas confortable du tout.

Ça va mieux…

Je me réjouis déjà de l’arrivée à Trient où je vais retrouver Vincent (un copain de l’athlé finisher de l’UTMB, Diagonale des fous, UT Verbier…)qui m’a suivi par internet et qui souhaite m’accompagner jusqu’à Cham (je sais, il n’a pas le droit mais les premiers n’ont rien à craindre de moi ; ils sont déjà couchés…). Plus rien ne peux m’arrêter.

La descente est vraiment glissante. De la boue toujours et encore.

Passage au col de La Forclaz.

Encore un raidillon et je sais que suis à Trient.

L’idée est maintenant de gérer la montée à Catogne puis de lâcher ensuite ce que je garde sous le pied depuis La Fouly pour La Tête aux Vents puis Cham.

Je retrouve Vincent à 3h à Trient après 17 h de course.

Il me dit que j’ai bonne mine. Je me sens bien. Je mange soupe, tucs et fromage, lorsque l’imprévu me cisaille en plein repas.

FIN DE LA COURSE annoncée par l’organisation. Il est désormais interdit de reprendre le chemin de l’arrivée.

Enorme frustration. Vincent est aussi très déçu, il est venu pour rien.

Félicitations aux copains coureurs :

Arnaud est à ce moment  là en route vers le col des montets. Il sera Finisher

Olivier est bloqué à Vallorcine.

Cédric et Thierry se trouvent dans la montée de Catogne à 2 mn l’un de l’autre et seront bloqués à Vallorcine.

 

 

 

Ce CR se termine un peu en queue de poisson, comme la course.

Cette aventure reste malgré tout une expérience supplémentaire, en terme d’effort, d’alimentation, de voyage intérieur, de limites qu’on peut repousser. J’ai aussi appris qu’on peut repartir après une grosse défaillance.

 

Je souhaite remercier ceux qui m’ont suivi à distance et encourager par sms,

Vincent le saint bernard des trailers qui après ma défaillance a décidé de se déplacer pour m’accompagner…

Les copines sur places au ravito avec les enfants.

 

Et surtout ma femme, Estelle, qui était là dès le début de l’aventure, et qui a su trouver les mots, une fois de plus, lorsque j’étais au plus bas. Merci

 

A bientôt pour des fins plus heureuses

 

 

 

 

 

Publié dans CR COURSES

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A
<br /> Bravo pour ce superbe CR. Moi aussi je me suis résolu au coca, c'est moins bon que le vin, mais bien plus efficace pendant les courses. J'espère que le tirage au sort nous sera favorable et que<br /> nous pourrons trinquer ensemble à Chamonix fin août.<br /> <br /> <br />
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